Pays Sélectionnés pour Participer à l’Exposition de la 4ᵉ Édition du Projet VISIBLES
L’édition 2025 du projet VISIBLES s’inscrit dans un moment où les conflits armés, les violences systémiques et les crises humanitaires redessinent en permanence la carte des existences fragilisées. Être une femme, déjà en temps de paix, signifie se confronter à des inégalités tenaces. Dans les régions où règnent la guerre, l’insécurité ou l’effondrement social, cette condition se double d’une exposition accrue : violences sexuelles utilisées comme arme de domination, perte d’accès à l’éducation, marginalisation économique, poids des responsabilités familiales assumées dans des environnements disloqués.
Mettre en avant le regard de femmes photographes issues de ces territoires, c’est reconnaître cette expérience singulière et la puissance avec laquelle elles transforment leur capacité à capter des images en un langage visuel. À travers ce langage, elles expriment leur vécu, communiquent leur situation et rendent visible ce que les discours politiques effacent. Leurs photographies rappellent que la guerre ne se limite pas aux fronts militaires : elle s’immisce dans les foyers, les camps de réfugiés, les villages isolés où la survie quotidienne repose souvent sur les femmes. Elles préservent aussi la mémoire, la vie ordinaire et parfois même les instants de beauté que ces espaces continuent de receler malgré tout.
La sélection des pays pour VISIBLES MMXXV a été guidée par une exigence : témoigner de la pluralité des crises à partir des dynamiques politiques et idéologiques qui laissent les populations affectées dans une situation de vulnérabilité extrême. L’attention internationale portée à l’Ukraine ou à Gaza témoigne de l’ampleur de ces drames et de la compassion légitime qu’ils suscitent. Mais elle ne doit pas faire oublier d’autres réalités tout aussi brûlantes : les communautés du Sahel, prises dans une spirale d’attaques djihadistes et de déplacements massifs ; le Soudan, ravagé depuis 2023 par une guerre civile qui déchire Khartoum et le Darfour ; la République centrafricaine, où des groupes armés contrôlent encore de vastes territoires ; Haïti, livré à des gangs qui paralysent la vie quotidienne et plongent Port-au-Prince dans le chaos ; ou encore les populations déplacées de Colombie, qui continuent de fuir les violences des groupes armés malgré les accords de paix.
Conflits armés de grande intensité
Des pays comme l’Ukraine, confrontée à l’invasion russe depuis février 2022, subissent des destructions massives d’infrastructures, des déplacements forcés de millions de civils et une fracture générationnelle profonde. Le conflit résulte à la fois de tensions géopolitiques régionales et de luttes historiques sur le territoire et la souveraineté nationale. Le Soudan, depuis avril 2023, est plongé dans une guerre civile opposant deux factions militaires rivales, qui a ravagé Khartoum et le Darfour et entraîné des déplacements massifs de populations. En Syrie, la guerre civile déclenchée en 2011 continue d’impliquer de multiples acteurs locaux et internationaux, exacerbant les violences et provoquant une crise humanitaire prolongée. Le Yémen, depuis 2014, connaît un conflit entre les forces houthistes et le gouvernement reconnu internationalement, qui a conduit à une famine et à l’effondrement des services de santé. Au Myanmar, le coup d’État militaire de 2021 a plongé le pays dans une guerre civile complexe, où la résistance civile et les forces armées locales se confrontent dans un climat d’insécurité permanent. Enfin, les tensions dans la région d’Iran, Israël, Palestine et Liban, particulièrement depuis l’escalade d’octobre 2023, révèlent des conflits anciens exacerbés par des rivalités géopolitiques et des interventions régionales, le conflit prolongé entre Israël et la Palestine a pris une tournure dramatique, entraînant de lourdes pertes humaines et des souffrances incalculable pour la population de Gaza, affectant fortement Gaza et la Cisjordanie.
Insurrections et violences persistantes
Dans le Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger), l’instabilité est alimentée par la progression de groupes djihadistes et par l’affaiblissement de l’État, provoquant déplacements massifs et destruction des infrastructures locales. Au Nigeria, le gouvernement lutte depuis plus de dix ans contre Boko Haram et l’ISWAP, tandis que le banditisme armé et les violences intercommunautaires affectent quotidiennement les populations. En République démocratique du Congo, particulièrement dans les provinces de l’Est (Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri), des dizaines de groupes armés, dont le M23, perpétuent une violence endémique depuis des décennies, provoquant déplacements et traumatismes sociaux. La Somalie continue de lutter contre l’insurrection d’Al-Shabaab depuis les années 2000, tandis que l’Éthiopie connaît des conflits persistants dans les régions d’Amhara et d’Oromia. L’Afghanistan et le Pakistan font face à des attaques récurrentes de groupes insurgés et à l’instabilité liée au régime taliban, qui restreint les droits fondamentaux et l’accès à la vie publique. En République centrafricaine, la guerre civile persistante depuis 2013 laisse de vastes territoires sous le contrôle de groupes armés, exacerbant l’insécurité. La province de Cabo Delgado au Mozambique est l’espace d’une insurrection islamiste violente depuis 2017, tandis que les régions anglophones du Cameroun connaissent un conflit séparatiste qui paralyse l’éducation et les services publics.
Crises sociales et États fragmentés
Des pays comme Haïti, où les gangs armés contrôlent depuis plusieurs années de larges portions du territoire, plongent la capitale et les régions avoisinantes dans le chaos, affectant la vie quotidienne et l’accès aux ressources de base. En Équateur, le gouvernement a dû déclarer un “conflit armé interne” pour lutter contre les violences des bandes narcotrafiquants qui paralysent certaines villes et routes. En Colombie, malgré l’accord de paix de 2016, la persistance de groupes armés, de dissidents des FARC et de cartels crée un climat d’insécurité chronique et provoque des déplacements réguliers de populations rurales. Le Mexique subit une violence extrême liée aux cartels de la drogue, comparable à certaines zones de guerre, avec des répercussions sociales et économiques majeures. Le Venezuela, enfin, illustre comment une crise humanitaire prolongée, alimentée par la répression politique et la pauvreté structurelle, entraîne une détresse comparable à celle des conflits armés, obligeant des millions de civils à chercher refuge ailleurs.
Une mémoire en construction
À travers ce projet, l’ONG Pim Pam Pum affirme que l’art visuel porté par celles qui vivent la guerre et la crise de l’intérieur constitue un langage universel de dignité. VISIBLES MMXXV ne cherche pas seulement à documenter les conflits, mais construit une mémoire collective, sensible et critique. Chaque photographie est la représentation d’un pays, d’un acte de résistance, un témoignage qui déjoue l’oubli et rappelle au monde que derrière chaque crise se trouvent des vies singulières, des femmes qui portent la douleur mais aussi la force d’imaginer un avenir.
Une mémoire en construction
À travers ce projet, Pim Pam Pum affirme une conviction : l’art visuel, lorsqu’il est porté par celles qui vivent la guerre et la crise de l’intérieur, constitue un langage universel de dignité. VISIBLES MMXXV ne cherche pas seulement à documenter les conflits, mais à construire une mémoire collective, sensible et critique. Chaque image est une forme de résistance, un acte qui déjoue l’oubli et rappelle au monde que derrière chaque crise se trouvent des vies singulières, des femmes qui portent la douleur mais aussi la force d’imaginer un avenir.